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26 Sep

Une expo d'art brut

Publié par Éric Babaud  - Catégories :  #exposition

La poule noire (Yvonne Robert)

La poule noire (Yvonne Robert)

Du 2 octobre au 25 novembre, la Galerie Deleuze-Rochetin à Uzès accueille une exposition d'art brut. (Ouverture du lundi au samedi de 9h30 à 12h30 et de 14h30 à 18h30).

Alain Bouillet curateur de l'exposition proposera plusieurs après-midi d'entretiens pour celles et ceux qui souhaiteraient y participer. (Programme communiqué le jour du vernissage).

Le vernissage aura lieu le samedi 30 septembre à partir de 18h30.


Commissaire d’expositions et amateur d’art brut, écrivain, membre du C.A. de l’Association l’Aracine, Alain Bouillet est Professeur honoraire des Universités de Paris X Nanterre et de Paul Valéry – Montpellier III. Né à Nanterre en 1943, Alain Bouillet a consacré l’essentiel de ses activités de recherche à « L’économie libidinale du couple » d’une part, et d’autre part au « Sensible », ainsi qu’à « l’Education de la sensibilité » ou « Education Esthésique » ainsi qu’il l’a nommée.
Plusieurs publications témoignent de ses travaux de recherche sur l’esthésique. Défense et illustration de l’art brut…
Après avoir rencontré Jean Dubuffet au début des années soixante-dix – alors que la collection d’ « art brut » de celui-ci (terme dont il fut l’inventeur en 1945) était encore visible au lieu où le peintre l’avait installée, au 136 de la rue de Sèvres, à Paris – Alain Bouillet s’est vivement intéressé à ces formes de production dont Dubuffet pensait qu’elles étaient « la voie d’expression des couches sous-jacentes, des plans de la profondeur », susceptibles de livrer passage aux « manifestations directes et immédiates du feu intérieur de la vie », témoignant ainsi, comme l’écrivait le philosophe Gilles Deleuze du fait que « créer,ce n’est pas communiquer, c’est résister ».
Collectant occasionnellement, pour son plaisir personnel, quelques productions de ces auteurs d’art brut lors de rencontres toujours imprévisibles dans des lieux souvent improbables (à cette époque, l’art brut ne s’exposait pas encore dans des galeries…il fallait aller le chercher là où il était ; et l’art brut, par définition, ne se montre pas : « L’art ne vient pas coucher dans les lits qu’on a fait pour lui, écrivait Jean Dubuffet, il se sauve aussitôt qu’on prononce son nom : ce qu’il aime c’est l’incognito.

Ses meilleurs moments sont quand il oublie comment il s’appelle »), il rejoint à la fin des années quatre-vingt, l’Association L’Aracine (dont les fondateurs furent, en 1982, Madeleine Lommel, Michel Nedjar et Claire Teller), Association dont il est actuellement membre du Conseil d’Administration. Cette Association, s’était fixé pour but de poursuivre le travail de Dubuffet après que celui-ci – suite à l’indifférence des pouvoirs publics français – a donné sa collection à la ville de Lausanne, en Suisse, où elle se trouve toujours, au palais de Beaulieu sous le nom de « Collection de l’Art Brut. ».
Ce travail de collecte portera ses fruits puisqu’en 1999, L’Aracine – qui n’avait plus les possibilités matérielles de conserver et d’exposer sa propre collection – fera don de plus de 3500 pièces d’art brut au Musée d’Art Moderne et Contemporain de Villeneuve D’Ascq – Lille Métropole, en préfiguration du futur Musée d’Art Brut, actuellement en fin de construction, et qui devrait ouvrir ses portes en septembre 2010.

 Parallèlement à ce compagnonnage avec L’Aracine, Alain Bouillet s’est également employé depuis 1987 à la défense et à l’illustration de l’art brut. Et ceci de diverses manières : En devenant conférencier, écrivain ou même commissaire d’expositions.
À ce titre, il est l’auteur de nombreux articles sur l’art et l’éducation et plus particulièrement sur l’art brut : Monographies d’auteurs, préface d’expositions, articles théoriques dans différentes publications et catalogues.

Il est également le directeur du numéro 53-54-55-56, juillet-décembre 2004, de la revue Ligeia, consacré au « Devenir de l’art brut ».
Un projet esthétique et pédagogique… Corrélativement, de trouvailles inopinées en rencontres spontanées, recherchées ou provoquées, cet « amateur » – qui ne se définit nullement comme un collectionneur trouvant à ce terme des connotations par trop pathologiques – a, depuis trente ans, pour son propre compte, rassemblé ce que d’autres persistent à appeler une « collection » d’art brut.
Collection dont il pense que le sens profond est non seulement d’être un support permettant, par sa circulation et son exposition, de travailler à la reconnaissance de l’art brut (ce qui semble désormais à peu près acquis) mais encore, de contribuer à faire entendre – en liaison avec les conférences et les visites commentées qu’il propose – les différences entre plusieurs catégories artistiques, dont certaines: art populaire, art naïf, arts premiers, arts des fous, art psychopathologique, etc. ont vu le jour au début du XXème siècle, tandis que l’on s’intéressait alors à la question des origines de l’art, et dont d’autres sont apparues dans le sillage de l’art brut : art « hors-les-normes », « outsider art », art différenciés, art autodidacte, art singulier, etc.
La théorie de Dubuffet selon laquelle en chacun d’entre nous sommeillerait un créateur ayant fait, un peu trop rapidement, des adeptes parmi les moins réveillés des multiples artistes potentiels. L’idée était généreuse et aurait pu même être prometteuse si, malheureusement, l’art Singulier après la période flamboyante de ses débuts, en 1978, n’avait fini par sombrer dans la production d’articles de bazar, trop vite produits par des bricoleurs de peu de génie en quête d’une reconnaissance aussi rapide que fugitive. Et ce, à destination d’amateurs, aussi peu éduqués que peu regardants, qui se sont ainsi trouvés facilement abusés.

C’est donc à dissiper ces confusions qui – par la banalisation et l’édulcoration de l’idée d’art brut qu’elles entraînent nuisent à son identification et à sa juste appréciation – ainsi qu’à permettre au spectateur comme à l’amateur de s’y reconnaître, d’affiner leur connaissance et, partant, leur jugement de goût, qu’Alain Bouillet s’emploie actuellement en proposant l’exposition de certaines pièces de cette collection.
Il espère que, ce faisant, seront enfin reconnues la spécificité et la valeur de cet acte de résistance qu’est l’art brut.

Résistance au conformisme, résistance à l’isolement, à l’exclusion et à l’enfermement, résistance à la souffrance extrême de ces auteurs « personnes obscures, étrangères aux milieux artistiques » qui, en travaillant dans « le secret, le silence et la solitude » ont produit ces dessins, ces broderies, ces objets, « productions inventées par elles-mêmes, à partir de leurs propres impulsions et ne devant rien aux poncifs artistiques ou culturels » ainsi que Jean Dubuffet définissait en 1949 ces productions de « l’homme du commun à l’ouvrage. »

Publié dans Conférences

 

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