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29 Apr

Les confinés de Christophe Ronel

Publié par Éric Babaud  - Catégories :  #dessin, #découpage, #installation, #peinture

Depuis le début de cette quarantaine, le peintre Christophe Ronel a réalisé une série de petites compositions graphiques et découpées autour d’une collection de boîtes d’allumettes qui sommeillait dans son atelier, qu'il met en scène.

Les confinés de Christophe Ronel

Je lui laisse la parole :

"Métaphores du confinement, ces petites boîtes racontent sur un ton léger des histoires de confinés. Elles ont suscité intérêt et réactions nombreuses sur les réseaux sociaux où je les publie quotidiennement depuis la mi-mars. Le sourire est un bouclier contre la peur...

Les confinés de Christophe Ronel

... Paradoxalement, cette période est propice à la remise en question, à l’invention, je veux penser qu’elle pourrait être aussi un nouveau départ à une échelle beaucoup plus large : ces jours ci , le ciel est plus bleu, les étoiles sont plus visibles, chauve souris et papillons réintègrent les villes, ce sont des petits signes qui n’échappent à personne, symboles peut-être d’un nouveau chemin possible. (...)

Les confinés de Christophe Ronel

"(...) Paradoxalement, cette période est propice à la remise en question, à l’invention, je veux penser qu’elle pourrait être aussi un nouveau départ à une échelle beaucoup plus large : ces jours ci , le ciel est plus bleu, les étoiles sont plus visibles, chauve souris et papillons réintègrent les villes, ce sont des petits signes qui n’échappent à personne, symboles peut-être d’un nouveau chemin possible. "

Les confinés de Christophe Ronel

" Je vous livre un petit texte que j’ai écrit ces derniers temps sur la notion de confinement. Nous voici dans un temps confiné à l’heure du repli, du huis clos. L’esprit voyageur s’est inversé, retourné, les envies d’ailleurs font naufrage, l’extérieur montre un jour menaçant, derrière la lumière du printemps, derrière les chants d’oiseaux se cache une sourde et invisible menace. "

Les confinés de Christophe Ronel

" On dirait que le temps s’est figé, que le monde prend une pause. Les temps sont au repli, plus que jamais, le bon sens et la consigne nous poussent à rejoindre nos antichambres, à arpenter nos intériorités, à fouler nos paysages intérieurs,  nos terrains vagues secrets, le panorama de nos souvenirs, la bibliothèque de notre existence dont chaque ouvrage a pris place sur les étagères de nos vies. "

Les confinés de Christophe Ronel

" Comment ne pas songer, ces jours-ci à cet ouvrage de Xavier de Maistre écrit à la fin du XVIII ème siècle : Voyage autour de ma chambre qui évoque la réclusion du narrateur contraint à rester quarante deux jours dans une chambre dont il explore les moindres recoins. Or pour l’écrivain comme pour le peintre, le repli, la quarantaine, le confinement font quasiment partie du processus logique, que l’on pourrait nommer le syndrome de l’anachorète. "

Les confinés de Christophe Ronel

" On perçoit mieux l’extérieur lorsque l’on s’enferme. La transcription in situ a souvent quelque chose de trop frontal alors que la resurgence des paysages, des visages, des souvenirs prend tout son sens dans les murs confinés de l’atelier du peintre ou sur sa table à dessin. Lorsque les portes sont closes, les souvenirs se mettent à brasiller, les images et les visions s’épanouissent, prennent forme : le voyage du dedans est amorcé apportant toute une vie foisonnante que l’on avait emmagasinée sans même y prendre garde au fil de nos pérégrinations enfiévrées. L’atelier est un monde où tous les voyages se mêlent et s’entrecroisent. "

Les confinés de Christophe Ronel

" Le temps du confinement est celui où les objets se mettent à parler, je les entends dialoguer en parcourant les quatre coins de ma pièces. Tohossou, dieu vaudou de l’eau côtoie un Ganesh de plâtre aux couleurs pâtissières. Une souris tchèque en bois peint interpelle une figure Yoruba, Marsupilami nargue une statuette dogon, le masque buffle baoulé accroché à deux pas n’y prête d’ailleurs aucune attention. Les tranches colorées des livres de la bibliothèque me promettent des mondes familiers ou étranges, tous ces ouvrages me rassurent et me guident. "

Les confinés de Christophe Ronel

" La toile posée sur le chevalet est en cours, je guette cet instant magique où la surface du tableau deviendra une fois encore espace. La sensation d’être devant un mur qui devient progressivement fenêtre par laquelle je pourrai à ma guise, comme Wang-Fô dans la célèbre nouvelle de Marguerite Yourcenar, m’évader. C’est ainsi que le peintre se trouve une fois de plus, perpétuellement, sauvé, pérégrinant entre échappées belles et chemins de traverse dans les murs merveilleusement confinés de son atelier."

Christophe Ronel Avril 2020

Les confinés de Christophe Ronel
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