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16 Oct

Retour à La Gacilly

Publié par Éric Babaud  - Catégories :  #exposition, #installation, #photographie

Cette photo m'a saisi par sa puissance.

Elle fait partie de la série "Gold" du photographe brésilien Sebastiao Salgado.

Regardez bien. Vous voyez comment le policier tient son arme? Le doigt sur la gâchette, il est prêt à tirer. L’image a suspendu le temps à l’instant précis où tout peut arriver, où le sort penche vers la violence meurtrière. “Quand cette bagarre a commencé, raconte Sebastiao Salgado, j’étais tout près. Je me suis retourné, j’ai fait dix photos, pas plus, très vite.” Nous sommes en 1986, il vient d’arriver à la mine d’or de Serra Pelada, dans l’Etat brésilien de Para, où il va passer plus de trois semaines.

“Au bord de l’immense trou, j’ai vu tous ces hommes travailler ensemble sans aucune machine, tout à la main, sans bruit de moteur, seulement les voix des êtres humains et le choc des outils sur le sol, et j’ai ressenti une telle émotion que j’en ai eu des frissons.”

Cette vision, l’ancien exilé politique, absent de son pays pendant onze ans, l’a attendue longtemps: la police fédérale lui refusait l’autorisation d’entrer et ce n’est qu’avec l’évolution du Brésil, quand la mine est passée sous le contrôle de la coopérative des producteurs, qu’il l’a obtenue.

Retour à La Gacilly
Cette expo des photos de la mine d'or de Serra Pelada de Sebastiao Salgado présentée au Festival "Viva latina" à La Gacilly est sans doute celle qui m'a le plus marqué.
 
Retour à La Gacilly

C'est un spectacle dantesque que Sebastião Salgado découvre en ce mois de septembre 1986. Le photographe brésilien travaille à cette époque sur La Main de l’Homme, une grande fresque sur la fin de la révolution industrielle qui l’emmènera des aciéries d’Union soviétique aux plantations de la Réunion. Au-delà de la rudesse des conditions de vie du monde ouvrier ou paysan, il cherche à montrer la grandeur de l’Homme au travail. Il restera 35 jours dans cette mine à ciel ouvert où les conditions sont terribles et les accidents quotidiens. Il en ressort des images d’une effrayante beauté, celles de ces colonnes de fourmis humaines fouillant la terre à la recherche d’un filon, de ces amas de corps et de matière, ou encore des regards fous de ces malheureux, les pieds nus dans des ruisseaux d’immondices et de mercure.

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« La première fois que je vis la mine de Serra Pelada, je restai sans voix. Devant moi s’ouvrait une immense fosse de presque deux cents mètres de diamètre pour une profondeur identique, où grouillaient des dizaines de milliers d’hommes à peine vêtus, dont la moitié montait de lourds sacs de terre sur de fragiles échelles en bois, les autres dévalant les pentes boueuses pour rejoindre le gouffre. Ils cherchaient de l’or. » 

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 Plus de 30 ans plus tard, Salgado a revisité cette œuvre, éditant en 2019 un somptueux livre sobrement intitulé Gold. Cette exposition dévoile au grand public des clichés obsédants, hypnotiques, de cet enfer aujourd’hui fermé.

Retour à La Gacilly

Le festival de La Gacilly (Morbihan), est la plus grande exposition de photos présentées en extérieur.

Avec 19 expositions et plus de 1000 photos, l'édition de cette année "Viva latina", met à l'honneur des photographes d'Amérique du sud. 

Cette manifestation dure jusqu'au 31 octobre.

Retour à La Gacilly

Festival Photo La Gacilly, du 1er juillet au 31 octobre 2020. Parcours à ciel ouvert dans les rues de La Gacilly (56200). Camion Point infos, place de la Ferronnerie, ouvert tous les jours de 10h à 18h. Tél. 02 99 08 68 00.

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