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23 Nov

Sécurité globale, cap au pire !

Publié par Éric Babaud  - Catégories :  #Humeur

Pouvoirs de la police et police du pouvoir

Sécurité globale, cap au pire !

Dans le Monde diplomatique" de janvier Frédéric Lordon écrivait :

"Ils auront matraqué des personnes âgées, frappé des handicapés en chaise roulante, tiré au LBD sur des ados, agenouillé des classes entières, lancé des grenades à l’intérieur des appartements, tué une vieille dame — et puis bien sûr visé les yeux, lancé les GLI-F4 en cloche, arraché des mains. Ils auront tout fait — la police de Macron. Maintenant la haine de la population est sortie, et elle ne rentrera pas de sitôt dans le tube. Sa légitimité est constituée, entière, incontestable. La population hait la police et personne ne pourra lui dire qu’elle n’a pas raison.

Les violents dans les institutions de la violence

Sécurité globale, cap au pire !

"... C’est qu’à un moment, il faut bien prendre les mots au sérieux, et les décoller de leurs usages habituels où les pouvoirs aiment les enfermer. « Sont interdits les actes ou les menaces de violence dont le but principal est de répandre la terreur parmi les populations civiles », indiquent à propos du terrorisme les protocoles additionnels de la Convention de Genève. On cherche ce qui dans l’entreprise systématique menée à grande échelle par la police et le gouvernement, entreprise d’intimidation, d’effroi et de découragement par la menace physique de l’exercice normal des droits politiques fondamentaux ne tombe pas sous cette définition. Et pour tout dire, on ne trouve pas. Qui sont les radicalisés ? Qui sont les criminels ? Qui sont ceux qui terrorisent ?

Et qui est légitime ?"

Mais je vous conseille la lecture de l'article en entier.

 

Sécurité globale, cap au pire !

Depuis, le ministre de l'intérieur du gouvernement Macron a changé (il fallait chouchouter les sarkosistes en prévision d'un second quinquennat) : Place Beauvau Gérald Darmanin, donc ! et tant pis s'il est toujours sous le coup d'une plainte pour viol et tant pis s'il lui est arrivé d'avoir des propos peu amènes pour Macron (voir la devinette d'Ugo Bernalicis à l'assemblée)

Ci-dessous un extrait d'un autre article du même auteur Frédéric Lordon, dans la livraison du 10 novembre du "Diplo" intitulé "Cap au pire" où l'on retrouve notre roi du sophisme Gérald Darmanin :

"... Darmanin confirme son républicanisme d’époque : après celui du sarkozysme, celui du macronisme — qui ne le voit parfaitement à sa place dans un gouvernement Le Pen ? En tout cas il est indiscutablement l’homme de la situation. De quelle situation ? De la situation à laquelle Gramsci donne le nom de « crise organique », à savoir : quand ce qui ne peut plus être tenu par le consentement doit l’être par la coercition. Dans un régime qui demande tout à la police — sa survie —, il est logique qu’on accorde tout à la police. On lui accordera donc ce droit à la tranquillité qu’elle réclame à cors et à cris depuis si longtemps, droit de violenter comme elle veut, sans l’angoisse de ces reproches absurdes qu’on vient lui faire régulièrement. On rêve d’une mise en présence — mais pourquoi donc BFM ne nous organise-t-elle pas ça ? — de Darmanin et de la veuve de Cédric Chouviat, car on voudrait voir si le ministre de la police en roue libre parviendrait à regarder la femme de l’assassiné avec la même mâle assurance que devant Jean-Jacques passe-plat Bourdin. On voudrait lui faire revoir la séquence du Burger King et lui demander s’il considère que les CRS pris d’un élan de contrition seraient allés se dénoncer d’eux-mêmes à l’IGPN. On voudrait lui rappeler la longue archive des PV falsifiés, parfois grossièrement, la pratique para-salariale désormais bien ancrée de poursuivre pour des « outrages » inexistants afin d'arrondir les fins de mois, pour savoir s’il maintient la proposition que « par définition (sic), la parole des policiers vaut plus que la parole de celui qui ne l’est pas ». On voudrait lui demander ce que ça lui fait qu’un film entier, comme celui de David Dufresne, se voie d’un coup précipité dans l’illégalité..."

Sécurité globale, cap au pire !

Depuis, le ministre de l'intérieur du gouvernement Macron Gérald Darmanin, par l'intermédiaire d'un député LREM pur jus et ancien patron du RAID Jean-Michel Fauvergue, a déposé le projet pardon, la proposition de loi dite de "Sécurité globale".

Ce n'est pas la même chose un projet de loi et une proposition de loi, la 2ème formule permet de se dispenser de l'avis du Conseil d’État et d'éviter une étude d'impact. Pratique quand on craint que son avis ne soit pas vraiment favorable...

Ah et puis zut ! Qu'est-ce que c'est que cette histoire de devoir rendre des comptes aux citoyens ? Ils iront voter en 2022 (pour le moins pire) et ça suffit bien pour faire de la France une démocratie ! Alors circulez ! Y'a rien à voir et surtout rien à filmer et encore moins à diffuser.

Sécurité globale, cap au pire !

Républiques du pire

"Il est temps de s’apercevoir que « république » qui, conceptuellement, n’a jamais voulu dire grand-chose si ce n’est « état civil constitué », s’offre donc à tout dire, y compris le pire. On rappellera en particulier aux « républicains » d’aujourd’hui qu’il y eut en Italie une République de Salò, et que psalmodier « république » ne livre, par soi, que de minces garanties. Dans l’esprit d’Orwell, on leur accordera toutefois que si un fascisme peut revenir avec chapeau melon et parapluie roulé, tout ce qui porte chapeau melon et parapluie roulé n’est pas fasciste pour autant. Semblablement, il y a sans doute des amis de la laïcité et de la république qui ne partagent pas ce que d’autres font de la « laïcité » et de la « république ». Hélas, ce sont pour l’heure les faux-monnayeurs qui prolifèrent.

Alors on ne voit plus que la république du sas, la république qui conduit à la non-république, à la manière de Les Républicains appelant au démantèlement du droit républicain, et des Républicains En Marche vers la démolition, pièce par pièce, de la république. Un régime prend sa place dans l’histoire avec et par des images. Le macronisme occupe d’ores et déjà la sienne avec un lot exceptionnel d’images effarantes. Pas seulement celles des yeux crevés et des bras en lambeaux, mais aussi celles des lycéens de Mantes agenouillés, ou de journalistes mis en joue par des LBD, et, depuis ce matin, celle des carnets de correspondance contrôlés par des policiers en armes.

Et tous ces braves gens se croient bien certains de pouvoir tenir le haut du pavé moral. Ils parlent comme l’extrême droite, vont faire connaître leurs pensées dans des hebdomadaires d’extrême droite, ou sur des chaînes d’information continue d’extrême droite. Et c’est cela qui, non seulement prétend s’appeler « la république », mais voudrait faire baisser la tête à tous les autres. Bien sûr les fascismes historiques n’ont jamais eu grande considération pour les antifascismes. Mais jusqu’à présent ils se contentaient de les écraser. Désormais ils voudraient au surplus leur faire honte. Alors non, ça, ça n’ira pas du tout. Que nous n’y soyons pas encore n’empêche pas que nous voyions assez bien vers quoi ces « républicains » nous emmènent. Et toutes leurs éructations, toutes leurs saturations de l’espace médiatique, n’empêcheront pas non plus de redresser en conséquence les distributions de la honte. La honte, deux fois la honte, pour ceux qui liquident la république au nom de la république."

Frédéric Lordon

Là encore, je vous conseille la lecture de l'article en entier.

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