Maïna Kerbnalegenn
Lors de notre dernière réunion de l'artothèque Babart, nous avons appris le décès de Maïna.
Elle nous avait confié plusieurs œuvres qui étaient disponibles à l'emprunt
Les images de Maina sont des rencontres, simples en apparence et insaisissables à la fois. Présences minuscules ou géantes, elles convoquent les silhouettes d'une humanité fragile.
Jouant à cache-cache entre des textures de couleur et les vibrations d'une nuit infinie, elles portent la mémoire de nos sensations premières, de la même façon que les rêves.
C'est un univers irrigué d'immensité, où se rejouent les vertiges archaïques de l'origine du monde .
Des picotements d'émotions en constituent la trame d'où peut surgir la rencontre de cet autre qui nous échappe car il n'est rien d'autre que le reflet de nous-mêmes.
"Les images de Maina sont singulières. Elles sont presque une expérience intime, un face à face avec soi-même, un miroir. Derrière les couleurs vives, un graphisme brut, primitif, des corps et visages transformés, les images dégagent notre humanité ou… notre animalité ? Hors les normes, l'artiste cherche sa place et nous offre, non pas par nombrilisme mais avec générosité, les visions de ses profondeurs et son cheminement intime. Un voyage de cœur à cœur.
Au-delà des solitudes, des spirales, des ventres, des cris, le travail de l'artiste créé des liens, il offre une ouverture."
Céline Sonnard, octobre 2013
" Mes images ne sont pas légères. Peut-être naïves mais pas légères. Elles sondent la profondeur. Elles questionnent la place de l’être humain sur terre, le rapport du soi au monde. D’où la solitude, la densité à fleur de peau qui en ressort. Soi face à l’inconnu et à l’immensité, face aux mystères de la vie et aux questions existentielles. Elles sont le reflet d’un cheminement profondément intime.
Le dessin, expressif et maladroit, puise à une multitude de sources, culturelles, graphiques, géographiques. Il se nourrit de ce qu’il rencontre en chemin, et est enrichi par l’état émotionnel de l’instant présent, par ma sensibilité et mes mémoires affectives. J’aime le mot syncrétisme ; à l’image de la culture brésilienne qui s’est nourri de multiples traditions culturelles. C’est comme cela que j’envisage la création. Se nourrir pour donner naissance à de nouvelles images, comme une gestation et digestion de ce qui nous constitue. "
Maïna
Dans le N° 34 de sa Gazette, Nicole Esterolle lui consacre plusieurs pages sous le titre "L'intelligence et le cœur" :
https://www.yumpu.com/fr/document/view/65069745/la-gazette-de-nicole-034
" L'artiste Douarneniste Maïna Kernagellen est décédée lundi 23 novembre, des suites d'un cancer. Elle était âgée de 40 ans. Maïna Kernagellen avait travaillé en collaboration avec la Maison solidaire de Kermarron, où elle avait animé, dès 2016, des ateliers à destination des jeunes et des adultes et initié le " labo artistique ". Elle s'était aussi très impliqué dans le festival du cinéma de Douarnenez.
On est profondément touché par la pureté naïve et la simplicité formelle de ses œuvres. "
La Gazette de Nicole Esterolle
J'ai fait le rêve de toute une vie
je faisais partie
moi aussi du chemin
et j'étais belle
sans âge
et je ne savais plus rien
et beaucoup plus encore
…………………….
J'ai fait le rêve d'une vie entière
le temps d'un pas
un pas guidé inspiré un pas soufflé
un pas calé au rythme de l'univers
J'ai fait le rêve d'un pas infini
Et je n'en finissais pas d'être moi
pour toujours
ancrée et céleste
La voie était ouverte
texte de Céline Sonnard
Le site de Maïna : http://supermaina.canalblog.com/