Les vivisections textiles de Sabine feliciano
"Il y a dans le matériau textile, une sensualité, une "viscéralité", une force d'expression plastique naturelle. Et c'est bien cela qui fascine Sabine feliciano quand elle coud, brode, tresse, noue, emmèle le fil ou le tissu. C'est, pour elle, comme l'exploration d'une réalité interne et organique, d'un ventre mental et psychique, pour le surgissement d'une sorte d'efflorescence colorée de l'âme disséquée à vif."
Nicole Esterolle
« Malaxant les fibres, torturant la coupe, je caresse le fil de la vie. Les matériaux se transforment de nouveau, leur histoire devient la trame. Tissu, crochet et broderies se mélangent. La technique s'efface pour donner place à l'émotion...
Je stocke, j'accumule matières recyclées, tissus usés brodés, issus de ma penderie. Les fibres me fascinent. Cousu, assemblé, mixé, le textile reste un lien étroit entre mémoire et émotion. Le travail d'aiguille devient indispensable au quotidien, passé la porte de l'atelier, le temps s'arrête. J'assemble des matières récupérées qui passent parfois une saison à l'extérieur chahutées par le temps. Surgissent alors de nouvelles interrogations...
Mon travail reste une démarche loin des préoccupations de vitesse, d'efficacité et de consommation. L'économie de moyen est comme une nécessité. La prochaine pièce reste la plus envoûtante à créer...
Tout au long de mon enfance j'admirais les « ouvrages de dame ». Ma grand-mère réalisait des modèles en couture parfaits, petite main d'atelier, elle conservait des tissus précieux, mariant les matières. Cousues, brodées, crochetées ou à dentelle elle travaillait avec précision des coutures qui semblaient d'un autre âge, des pièces uniques. De mon côté, j'apprenais en primaire à donner mes premiers coups d'aiguille brodant avec deux fils de couleurs des motifs floraux sur des coussins, je n'ai jamais cessé. »
Sabine Feliciano