Les branches fantômes de Françoise Héré-Lesieur
Pour le numéro 136 de la revue "Regard" paru en mars 2017, Marie Morel a pris la mer, jusqu’à l’île d’Ouessant (Finistère), pour aller à la rencontre de Françoise Héré-Lesieur et ses « petites branches fantômes ». Elles sont réalisées à base de branches oubliées et de modelages de pâtes d’argile.
Marie Morel : "Comment sont apparus tes petits personnages fantômes ?"
Françoise Héré-Lesieur : "Avant d'habiter Ouessant, mon idée avait été de continuer les marionnettes à fils. Mais (...) sans les nécessaires années de pratique de la manipulation, impossible de créer de vraie marionnettes, vivantes, pas déco et, dès lors, quel intérêt me restait ? Je cherchais l'étincelle d'un autre cap. Je bougonnais en glanant des trucs, ferrailles, bois... tout en modelant des têtes !
Un de ces jours ronchons, je tenais une tête de sale type qui impose, s'impose et en impose. Je l'ai placée sur une branche qui se trouvait là. J'ai été saisie : la branche était vivante. Je n'ai eu qu'à achever ce que le dieu Hasard avait commencé.
(...) J'aimais le bois ; je suis devenue très attentive aux branches. De celles que nous coupions en taillant nos arbres, j'en ai sauvé des dizaines du feu, lorsque je percevais leur épaisseur temporelle, leur dynamique formelle, leur mouvement contenu..., leur passé de branches, quoi ! Et ma démarche a basculé : les branches ont suscité les personnages. Même si je travaille surtout aujourd'hui avec des bois flottés, j'en suis là."
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