La partie de campagne de Fernand Léger
Je suis allé voir l'expo Fernand Léger au musée Soulages à Rodez et un tableau (dont plusieurs états étaient présentés) a retenu mon attention.
Il s'agit de "La partie de campagne" :
Dans toutes les analyses que j'ai pu lire, on parle à propos de La Partie de campagne
"d'une série réalisée à la fin de la vie de Fernand Léger, dans les années 1950 où les peintures et les études graphiques appartenant à cet ensemble traitent des loisirs et des congés payés que la loi historique votée sous le Front Populaire a érigé en un événement social majeur."
et on n'en dit pas beaucoup plus...
Mais comment ne pas songer devant cette composition à une autre partie "carrée" (c'était son titre d'origine) : "Le déjeuner sur l'herbe" d'Édouard Manet
En effet on y retrouve en premier plan un personnage allongé (ici c'est un homme) et un autre en arrière plan accroupi (ici une femme).
Chez Léger, dans sa partie de campagne c'est une femme qui est allongée et située au même endroit de la composition que chez Manet et c'est un homme qui est accroupi, sur la gauche devant le moteur de sa voiture.
Fernand Léger aimait-il faire des inversions, histoire de brouiller les pistes ?
Je ne sais pas, mais cela ne m'étonnerait pas.
Mais le nu féminin du tableau de Manet me renvoie à une autre œuvre de celui-ci, l'Olympia :
et l'on sait que "L'Olympia" est la version modernisée (puisque la dame représentée est une prostituée) de "La Vénus d'Urbin" du Titien :
Tiens, tiens, voilà notre chien qui montre le bout de son nez...
Mais amusons-nous au jeu des inversions en regardant cette Vénus dans un miroir (clin d'œil à Vélasquez que Léger admirait aussi)...
Voici le résultat :
Regardez l'attitude de cette Vénus, la position de sa main droite, le chien, la servante en arrière plan accroupie devant un coffre ouvert... comparez avec "La Partie de campagne" de Fernand Léger : même position allongée du personnage au premier plan, présence du chien, et le chauffeur accroupi devant le capot relevé de la voiture.
Non, tout cela ne peut pas être le fruit du hasard, Fernand Léger à voulu faire un clin d'œil à ses illustres prédécesseurs qu'il admirait tant !