Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
04 Dec

Une semaine chez Diogène

Publié par Éric Babaud

 

 

 

Diogène vivait dans le dénuement le plus complet, se contentant d'une grande jarre couchée sur le flanc pour dormir.

Paradoxalement on appelle syndrome de Diogène, un trouble du comportement conduisant à une accumulation compulsive d'objets dans son environnement.

Ma mère est atteinte de cette pathologie.

Elle est la première à en souffrir.

Une semaine chez Diogène

Mon père (93 ans aussi) est le deuxième !

Et puis il y a ma sœur, mon frère et moi qui depuis des années essayons de canaliser cette maladie, de la contenir...

Avec l'aide et les conseils de personnels de santé nous nous sommes efforcé de trouver à défaut de solutions, tout au moins des pistes, des stratégies pour réguler ce mal, ce trouble dont elle est affectée qui la conduit à vouloir tout garder ou plus exactement, à ne rien pouvoir jeter.

Une semaine chez Diogène

Notre mère a quatre-vingt-treize ans.

Elle est parfaitement autonome.

Ses facultés intellectuelles sont intactes, quoique depuis quelque temps, elle a un peu plus de mal à résoudre les mots croisés de Marc Aussitot dans Télérama...

Une semaine chez Diogène

Dernièrement, elle est tombée. Elle s'est cassé la jambe. Le fémur.

Samu. Ambulance. Hôpital.

On l'a opérée.

Tout s'est bien passé.

Une semaine plus tard, la voilà dans une nouvelle structure pour sa convalescence et ses séances de Kiné.

Une semaine chez Diogène

La situation ne nous laissait pas trop d'alternatives...

Et puisqu'elle veut rentrer chez elle après cet épisode, il faudra qu'elle puisse circuler avec un déambulateur (tout au moins dans un premier temps).

Alors, nous avons entrepris de faire ce que nous n'avions jamais pu faire avant. Et sans lui en demander l'autorisation !

Une semaine chez Diogène

Le grand ménage, l'énorme tri, l'interminable débarras !

Nécessité fait loi !

Mais, comment va-t-elle réagir lorsqu'en rentrant chez elle, elle trouvera sa maison rangée, ordonnée, dans laquelle elle pourra à nouveau recevoir des amis, la famille... ? 

Elle sait que depuis trois semaines nous nous activons (nous et nos conjoints) à préparer son retour.

Nous avons commencé à lui en parler.

Elle a eu l'air d'être soulagée d'un poids qu'elle ne pouvait plus porter.

Une semaine chez Diogène

Cette histoire aurait peut-être dû rester confidentielle.

Souvent j'ai cherché des témoignages pour tenter de comprendre cette pathologie, étape indispensable pour pouvoir aider celle qui en est atteinte.

J'ai lu des articles, acheté des bouquins, vu des reportages, fait des recherches sur internet.

Ça m'a aidé.

Alors, si à son tour, mon témoignage peut aider quelqu'un, cet article aura été utile. C'est tout ce que je souhaite en le publiant.

Commenter cet article
H
Bonjour Eric ,<br /> on imagine que la décision que vous avez prise en amont de votre action a dû être difficile et longuement réfléchie , car il est délicat de jouer ce rôle, être en quelque sorte "parents" de ses parents.<br /> bon courage à vous trois .
Répondre
D
" Objets inanimés, avez-vous donc une âme<br /> Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? " (lamartine...Millie)<br /> <br /> Difficile d'apaiser sans doute une profonde detresse , angoisse ...et oui les objets ont une âme , ces objets je ne sais pas si ils s'attachent mais ils nous parlent , pas toujours bienveillants , difficile de s'en détacher ...et augmentant ainsi la détresse ...<br /> <br /> veiller à choisir ceux qui sauront rassurer , apaiser ta maman , chasser les autres ...en espérant qu'ils ne lui manqueront pas et qu'elle pourra aimer son intérieur re devenu paisible
Répondre
D
Bonjour Eric,<br /> C'est terrible cette pathologie, et effectivement il n'y a pas que le malade qui est impacté. Ton papa a du aussi être terriblement mis en difficulté par ces accumulations ou l'espace pour circuler est excessivement restreint.<br /> Et rassures toi, il n'y a rien d'indécent à ce que tu en parles publiquement. Je reconnais bien là ton esprit de solidarité et de partage, ton expérience pouvant être éclairante pour d'autres, il est si peu dit sur cette maladie et sur la manière d'aider au mieux les gens qui en souffrent. <br /> Les nouvelles physiques de ta maman sont plutôt bonnes, elle est en rééducation et semble accepter les choses ; alors je vous souhaite à tous beaucoup de courage devant le gros chantier auquel vous vous êtes attaqués et une bonne convalescence pour ta maman.<br /> Avec tout mon soutien moral et mon amitié
Répondre
M
Je me souviens enfant, avoir accompagné mes parents chez ma grand-mère où nous retrouvions une poignée d'oncles et tantes pour faire un grand ménage. À l'époque j'aurais été bien incapable de penser à Diogène. Pendant que les hommes bataillaient avec les friches du jardin, ma grand mère sur leurs talons, nous, les femmes nous nous attaquions à l'intérieur. Je me souviens que pour accéder à son lit, seul un petit chemin au milieu de vêtements jetés en vrac, de bouteilles de sirop de myrtilles ( parce que les myrtilles, c'est bon pour la vue...) de boîte de conserves vides et pleines, d'emballages de charcuterie savamment pliés, de papier de beurre entassés... Chacune sa pièce, chacune son rôle. Le miens était de transporter discrètement moults objets divers et variés dans le coffre de la voiture, à l'abri du regard de ma grand-mère. Ce cérémonial se déroulait une à deux fois par an. Ma grand mère, agacée et souvent les yeux humides, finissait néanmoins par nous remercier, même si elle gardait quelques animosité envers les pièces rapportées.<br /> Mes parents liait son état au manque durant la guerre où elle avait dû élever seule ses 8 enfants.<br /> Ma grand mère était une belle personne bousculée par la vie. Et ce n'est pas par hasard si je signe mes créations par Babcia, ce qui veut dire grand-mère en polonais.<br /> Bon courage et merci pour ce billet que j'ai trouvé très émouvant.
Répondre

Archives

À propos

Blog-Art : peinture, sculpture, dessin, installation, art postal...