Une semaine chez Diogène
Diogène vivait dans le dénuement le plus complet, se contentant d'une grande jarre couchée sur le flanc pour dormir.
Paradoxalement on appelle syndrome de Diogène, un trouble du comportement conduisant à une accumulation compulsive d'objets dans son environnement.
Ma mère est atteinte de cette pathologie.
Elle est la première à en souffrir.
Mon père (93 ans aussi) est le deuxième !
Et puis il y a ma sœur, mon frère et moi qui depuis des années essayons de canaliser cette maladie, de la contenir...
Avec l'aide et les conseils de personnels de santé nous nous sommes efforcé de trouver à défaut de solutions, tout au moins des pistes, des stratégies pour réguler ce mal, ce trouble dont elle est affectée qui la conduit à vouloir tout garder ou plus exactement, à ne rien pouvoir jeter.
Notre mère a quatre-vingt-treize ans.
Elle est parfaitement autonome.
Ses facultés intellectuelles sont intactes, quoique depuis quelque temps, elle a un peu plus de mal à résoudre les mots croisés de Marc Aussitot dans Télérama...
Dernièrement, elle est tombée. Elle s'est cassé la jambe. Le fémur.
Samu. Ambulance. Hôpital.
On l'a opérée.
Tout s'est bien passé.
Une semaine plus tard, la voilà dans une nouvelle structure pour sa convalescence et ses séances de Kiné.
La situation ne nous laissait pas trop d'alternatives...
Et puisqu'elle veut rentrer chez elle après cet épisode, il faudra qu'elle puisse circuler avec un déambulateur (tout au moins dans un premier temps).
Alors, nous avons entrepris de faire ce que nous n'avions jamais pu faire avant. Et sans lui en demander l'autorisation !
Le grand ménage, l'énorme tri, l'interminable débarras !
Nécessité fait loi !
Mais, comment va-t-elle réagir lorsqu'en rentrant chez elle, elle trouvera sa maison rangée, ordonnée, dans laquelle elle pourra à nouveau recevoir des amis, la famille... ?
Elle sait que depuis trois semaines nous nous activons (nous et nos conjoints) à préparer son retour.
Nous avons commencé à lui en parler.
Elle a eu l'air d'être soulagée d'un poids qu'elle ne pouvait plus porter.
Cette histoire aurait peut-être dû rester confidentielle.
Souvent j'ai cherché des témoignages pour tenter de comprendre cette pathologie, étape indispensable pour pouvoir aider celle qui en est atteinte.
J'ai lu des articles, acheté des bouquins, vu des reportages, fait des recherches sur internet.
Ça m'a aidé.
Alors, si à son tour, mon témoignage peut aider quelqu'un, cet article aura été utile. C'est tout ce que je souhaite en le publiant.