Jean-Philippe Durand
Jean-Philippe Durand travaille à l'ESAT Arc-en-ciel de Cholet.
Je connaissais quelques œuvres de deux autres artistes résidentes de cet ESAT, Marie-bernadette et sa sœur Marie-Christine Bouyer, qui figuraient parmi le fond de l'artothèque BABART dont j'étais administrateur, mais je ne connaissais pas celles de Jean-Philippe Durand.
C'est grâce à l'excellent blog de Sophie Lepetit (lesgrigrisdesophie.blogspot.com) que je l'ai découvert.
Jean-Philippe DURAND est né en 1954. Orphelin de mère, handicapé à la suite d'un accident, il est interné à 20 ans dans un hospice pour personnes âgées, faute de place dans une structure adaptée. Il y est quotidiennement confronté à la maladie et à la mort. Cette expérience le marquera profondément. Encore aujourd'hui Jean-Philippe évoque souvent son âge. Il annonce son prochain anniversaire six mois avant, comme pour conjurer l'angoisse qui surgit, il martèle: "Je suis jeune ! Je suis jeune ! " Quelques années plus tard, son père et son frère décèdent tragiquement. Après sa sortie il est à nouveau victime d'un accident dont il garde de graves séquelles neurologiques. Les portraits (autoportraits ? ) sont l'unique objet de sa quête de sens.
L’Atelier Peinture ouvert en 1996 à l’ESAT Arc en Ciel de Cholet, est avant tout une expérience basée sur la collaboration étroite entre un “artiste professionnel” : Jean Boccacino et des “créateurs” ouvriers de l'ESAT. C’est cette communauté de travail qui donne une portée particulière à la production artistique.
Une dizaine de personnes est engagée dans ces activités d’expression qui s’inscrivent dans le cadre de l’accompagnement extra-professionnel et viennent en complément de l’aide par le travail.
L’objectif est de permettre à ces personnes qui ont parfois peu de capacités à verbaliser, outre l’expression de ce qu’elles sont et de ce qu’elles ressentent, de découvrir leurs ressources insoupçonnées, de les cultiver et de se situer dans le tissu culturel grâce à la médiatisation de leurs œuvres.
Il s’agit de dépasser le stade de la simple expression pour accéder à la création. Cela implique un travail de recherche et d’apprentissage de ses propres outils, techniques et procédures.
L’animateur ne suggère aucun thème. Il aide chacun à trouver la voie qui lui permettra d’élaborer une œuvre dans ce qu’elle exprime de plus fort, de plus urgent, avec un maximum d’autonomie dans la réalisation.
Il n’y a aucune visée thérapeutique, il s’agit essentiellement que chacun découvre (après de longs tâtonnements ou exceptionnellement dès le début), les moyens techniques qui serviront au mieux son expression.
Les artistes affirment ainsi leur identité dans une œuvre souvent forte et émouvante. L’exposition de leurs productions artistiques est essentielle dans la démarche de l’atelier.
Les différentes rencontres favorisent la reconnaissance sociale de ces travailleurs handicapés, ainsi que leur place de citoyen.