Résister
Il y a quelques semaines, Ibrahim Benaissa et Hamza Chennaf sont partis à la rencontre de Léon Landini. Cet ancien résistant et membre de la FTP MOI (Francs-tireurs et partisans, main-d'œuvre immigrée) n'a pas perdu de sa combativité, malgré ses 97 ans. Pour Blast, il revient sur son histoire où se croise Jean Moulin, Charles de Gaulle, ou encore le nouveau locataire du Panthéon, Missak Manouchian.
Fusillé par l’armée allemande le 21 février 1944, Missak Manouchian, un Arménien âgé de 37 ans, est entré au Panthéon « accompagné de Mélinée », son épouse, d’origine arménienne et résistante comme lui. Missak Manouchian a été un des chefs militaires d’un groupe de résistants étrangers en région parisienne, les Francs-Tireurs et Partisans - Main-d’œuvre immigrée.
La cérémonie avait quelque chose de malsain : elle était organisée par un gouvernement qui réalise une chasse aux étrangers, stigmatise les minorités et applique des pans entiers du programme de l’extrême droite. Un gouvernement qui est en train de s’attaquer au droit du sol, réprime les antifascistes et multiplie les références au pétainisme.
Marine Le Pen et sa garde rapprochée ont assisté à la cérémonie. Les héritiers de ceux qui ont assassiné Manouchian et ses camarades, paradaient tout sourire devant le Panthéon sur le passage des dépouilles des deux résistants.
Un peu plus tôt des militants communistes, venus avec les drapeaux de leur parti, ont été appréhendés par la police et leurs drapeaux ont été confisqués. C’est pourtant les rangs du PCF qui ont fourni des milliers de résistants contre le nazisme, qui ont payé le prix du sang et auxquels les Francs Tireurs Partisans étaient rattachés.
Qui a donné ces consignes ? Était-ce même légal ? En novembre 1924, lors de la panthéonisation de Jean Jaurès, la foule agitait des drapeaux rouges mêlés aux drapeaux tricolores. Personne, alors, n’avait songé à les confisquer. À présent, même après leur mort, les figures de la gauche voient leurs engagements effacés, reniés, piétinés.
"Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement."
ont été les derniers mots écrits par Missak Manouchian.
Missak Manouchian parlait bien du peuple français, celui qui est toujours combattif, celui pour qui Liberté, Égalité, Fraternité a du sens.
Léon Landini en fait partie, il n'a pas été invité à la cérémonie de Panthéonisation !
Missak et Mélinée Manouchian, réfugiés et apatrides, engagés bien avant l’Occupation dans les luttes sociales et antifascistes, sont absolument tout ce que le gouvernement détesterait et chercherait à faire disparaître s’ils étaient vivants aujourd’hui.
Sources : les médias indépendants Blast et Contre Attaque.