Patrick Pavan
Dix années de création depuis que Patrick Pavan a posé ses outils dans le musée Artistide Bergès pour une résidence qui a fondé des liens artistiques et amicaux.
Son travail ancré sur les traces, la mémoire, l’homme fait écho au travail de mémoire de notre musée autour de la personnalité de ceux qui ont fait vivre la papeterie Bergès.
Dans une approche matiériste, PAVAN artiste peintre et sculpteur s’éloigne des outils classiques afin de retrouver une expression brute de l’art. Le travail de Pavan se concentre sur les corps et les visages, en utilisant essentiellement des silhouettes. Il nous livre une suite de portraits intimes et pudiques comme autant de regards intérieurs sur l’homme.
- Projection de film (l’artiste en pleine création)
- Performance en direct un samedi après-midi
Né en 1967, Patrick Pavan est un artiste autodidacte.
Il se présente lui-même :
"Je pratique la peinture et la sculpture depuis 1999. Dans une approche matiériste, ma volonté de m’éloigner des outils classiques s’associe à une démarche visant à retrouver une expression brute de l’art. Ce choix de rejeter les procédés usuels a révélé une filiation. Fils et petit-fils de maçon, j’effectue les mêmes gestes dans un autre contexte. Je me sers de leurs techniques, de leurs outils, osant devenir enfin ce que je suis.
Avec des matériaux de récupération ou du bâtiment, sur divers supports, portes, BA13, planches, contreplaqué, je fixe, juxtapose et lie plâtres, pigments naturels, terres, ciments, vernis, papiers et tissus pour ériger une humanité. Les fers à béton, employés seuls, nus, en armature ou en coffrage, les enduits de façades, les épaufrures des structures étayent un monde à la paradoxale fragilité.
Je travaille les corps, les visages, essentiellement à partir de silhouettes. Maintenant à même le mur. Attaquer la surface, en déchirant l’apprêt. S’enfoncer dans le matériau de construction, en pénétrant à l’intérieur du sujet. Ouvrir le mur comme on ouvre un corps. Autopsie ou voir de ses propres yeux."
Durant plusieurs mois, Patrick Pavan a pris possession d'un petit coin dans l'ancienne usine devenue musée Aristide-Bergès ; il est vrai qu'avec un beau puits de lumière on peut comprendre l'artiste, qui s'est épanoui dans ces lieux.
Quelques petits travaux seraient nécessaires, mais les moyens sont difficiles à obtenir. Il ne travaille que des matériaux de récupération ou du bâtiment, béton, ciment, fer et, bien sûr, le lien avec l'usine, le papier. Les formats sont eux aussi atypiques (2, 4 x 2, 3 m). Les pastels à l'huile (60 x 60 cm) sont plus faciles à accrocher. Mais ce qui retient l'attention, ce sont les personnages. Les dix-sept tableaux présentés dans le cadre de l'exposition « L'art à l'usine » s'inscrivent dans une série complète de trente et une œuvres qui sera achevée en 2012.Cette série veut s'inspirer de l'usine et de ses ouvriers. Les six personnes sont Antoine Ferré, Carmen Janotto, Stanilas Pavan, Isidore Pavan, Jacques Pavan, Jean Pavan. Un de ces modèles, Antoine Ferré, né à Sant-Girons, a été ouvrier dans cette usine, ainsi que son fils. Les autres personnes, le grand-père, les oncles et la tante de l'artiste, sont des ouvriers italiens arrivés en France dans les années « 30 ».
L'on s'intéressera surtout à Antoine Ferré car sa silhouette était familière à de nombreux Lorpéens puisqu'il a vécu au village. Un grand moment d'émotion quand, grâce à Patrick Pavan, nous avons un instant vu resurgir des souvenirs de cet ancien ouvrier qui dans la vie était un exemple de tolérance et de respect de l'autre. Grâce aux tableaux le représentant dans l'usine, on pouvait imaginer la vie et le bruit des machines, devenues aujourd'hui bien silencieuses. A la fin de la réalisation de ces travaux, Patrick les laissera-t-il dans l'usine ?
Patrick Pavan expose au musée Aristide Bergès depuis le 19 juillet et jusqu'au 7 septembre 2024 à Lorp-Sentaraille, près de Saint-Girons dans le département de l'Ariège.